mardi 23 octobre 2012

DIALOGUE DANS UNE TOILE

Vous connaissez le tableau de Fragonard : " le verrou " ? Eh bien faisons converser les deux personnages !


" Rouge est la tenture, comme tes joues, ma coquine
  Vif est mon désir de te trousser enfin !

" Ciel ! je défaille sous tes assauts vilains
  Mais avant tout, mon doux, tire donc le verrou !

" N'aie crainte, ma friponne !
  Nul ici ne claironne
  Je veux garder pour moi tes rondeurs charmantes...

" Mais qu'est-ce donc cette chose, cette soudaine excroissance
  Qui frémit et palpite sous mes doigts innocents ?

" Tais toi donc, ma jolie, et continue ainsi
  Déjà l'orage gronde à la pointe de mon vit...

" Mon Dieu, que fais-je donc 
  Le corps abandonné ?
  Dans mon coeur tant de bonds
  Comme si la mort rôdait...

" Sacrebleu ! tu m'ennuies avec tes métaphores
  Ne vois tu pas, ma mie, que déborde l'amphore ? "

                                                      A ces mots balbutiés, la raison chancela
                                                      La donzelle renonça à son pieux pucelage,
                                                      préférant à jamais un plus tendre tendre naufrage.

lundi 8 octobre 2012

CONVERSATIONS

Très Chère Vous,

Il semblerait qu'en me signifiant votre année de naissance
vous ayez voulu qu'en moi cette date fasse sens
à moins qu'il ne s'agisse d'une farouche distance,
de celles qu'on est obligé, parfois, d'établir ou bien de parcourir...

Certes ni vous ni moi n'avons vingt ans !
Quel âge donc faut il avoir pour ouvrir nos placards
quand il suffit, souvent, d'écrire tout simplement
que ce monde nous lasse de ces ignorances crasses,
que pourtant nous surprend son émouvant regard
noyé de pauvres articles et d'insipide paperasse
lorsque chante l'oiseau, quand une fleur éclot.

Bien sûr les rimes sont faciles,
il suffit de rougir et de battre des cils !
Surgissent alors les mots comme autant de larmes
et leur musique en nous, curieusement, nous désarme.

Nous écrivons pour dire, nous écrivons pour rire
nous tricotons des mots, des phrases, des métaphores
Nous écrivons comme d'autres dessinent
font l'amour ou se tuent pour exister encore,
Vous et moi savons cela, que de vie à trépas
il nous faudra maudire
l'épatante acidité du passé qui se débine,
nos mémoires à jamais tatouées à l'encre fine,
et s'avance le temps, et s'étrécit l'espace, pas à pas, pas à pas....

à Marie Louise